En continuant notre pèlerinage à la recherche des anciens colmenares (ruchers) en terre d'Espagne, nous sommes arrivés sur un chemin déjà parcouru par l'ami et collègue Robert Chevet sur les collines de Los Monegros près de Saragosse.
Sur ces collines, un jeune ethnologue espagnol, Feliz A.Rivas a découvert quelques ruchers entre autre le colmenar dit de Pujol.
Qui était ce monsieur ?
En regardant son colmenar, on se rend compte qu'il s'apparentait à ces gens qui n'acceptent pas toujours les solutions proposées pour résoudre certains problèmes.

Vue de loin, on ne penserait pas que cette imposante construction était utilisée comme rucher, mais il suffit de se rapprocher pour remarquer les grandes ouvertures derrière lesquelles on posait des ruches dont il n'existe plus aucune trace.
Le problème consiste à déterminer le type de ruches utilisées dans cette zone et la manière dont elles étaient rangées.
On peut se perdre en conjecture et pourtant la réponse se trouve pas loin d'ici.
À quelques centaines de mètres de cet orgueilleux immeuble existent quelques traces d'autres ruchers en ruine, mais il y a aussi un petit colmenar rectangulaire avec une très petite porte d'un seul mètre d'hauteur sur son côté droit.
Sur le mur frontal de ce rucher minuscule de six mètres de longueur et d'un mètre soixante de hauteur on voit à ras de terre neuf ouvertures qui ressemblent à celles du colmenar de Pujol.
Quand nous entrons, nous voyons avec surprise, en correspondance avec les ouvertures extérieures, des arnas tressées semblables à celles que nous avons vues dans la Sierra de Guara et à Lecina.
Seulement dans ce mini-rucher de Los Monegros les ruches étaient de format réduit et elles n'étaient pas placées horizontalement mais verticalement.

Si nous transposons par la pensée les ruches du petit rucher à celui de M. Pujol en les plaçant verticalement devant les ouvertures du mur, nous avons une réponse sur le type de ruches que ce dernier pouvait abriter.

Sur le chemin du retour, nous avons fait un écart dans une vallée latérale pour examiner un grand rucher de type fermé qui est connu localement sous le nom de colmenar de Cortante.
Il s'agit d'une grande enceinte de forme presque carrée à laquelle on accède en traversant une construction située sur le côté gauche et qui avait les fonctions de dépôt et de pièce pour extraire le miel.
Le type de ruches utilisé ici, des Layens modifiées, indiquerait que ce rucher serait de datation plutôt récente.

Nous avons jugé plus intéressant un colmenar que nous avons découvert presque par hasard en revenant vers Castejon des Monegros et qui se trouve dans la localité dite La Poza.
Il s'agit du colmenar de Baser, une grande construction délabrée, de forme rectangulaire (24 x 14 m) qui semble avoir été remaniée plusieurs fois.
Ce grand rucher est divisé en quatre sections par deux passages qui se croisent vers la partie centrale.
Sur le mur postérieur, on remarque une rangée horizontale de trous carrés où étaient installées de petites poutres en bois s'appuyant, sur le devant, sur de petits poteaux et soutenant une légère toiture fait de branchages ou de cannes pour protéger les ruches pendant la période de canicule.

A l'extérieur du rucher, sur le côté gauche, on remarque une petite dépression dans le terrain qui servait probablement d'abreuvoir pour les abeilles.